Prendre en charge les troubles du comportement alimentaire
Les troubles du comportement alimentaire sont tous l’expression d’un mal-être qui dépasse de loin la simple volonté de maigrir ou la difficulté de construire son rapport à la nourriture. Ils sont bien souvent le symptôme d’une souffrance réelle, qui ne peut s’exprimer autrement. Dans la plupart des cas, le trouble survient suite à un événement dit déclencheur, le plus souvent un traumatisme. Les personnes qui souffrent de TCA ont en outre des caractéristiques psychologiques assez semblables : ils souffrent de manque de confiance et d’estime de soi, d’excès de perfectionnisme ou encore de besoin de tout maîtriser.
C’est justement sur ces aspects que le travail en hypnose trouve son intérêt. Vous trouverez ci-après quelques TCA courants, mais bien-sûr chaque personne étant différente, l’accompagnement se doit d’être totalement individualisé et basé sur ce que la personne donne comme informations. Il pourra être mené avec votre accord en partenariat avec un suivi médical selon les symptômes (médecin, psychiatre ou diététicien), et n’hésitez pas à me contacter pour discuter avant de venir en séance.
L’anorexie mentale
L’anorexie est animée par une peur de grossir et un besoin obsessionnel de maigrir. Elle touche essentiellement les femmes jeunes, pour la plupart âgées entre 17 et 22 ans. Une force destructrice pousse la personne à cesser totalement de s’alimenter. Le danger de mort par dénutrition ou par suicide est réel.
La boulimie
Tout comme la personne anorexique, la personne boulimique est le plus souvent une femme jeune, qui a peur de grossir et cherche à perdre du poids. Chez elle, la restriction entraîne des crises alimentaires caractérisées par une perte totale de contrôle sur elle-même. Durant la crise de boulimie, elle engloutit des quantités démesurées de nourriture. La crise se solde par des vomissements, souvent provoqués, parfois spontanés. Le secret est un composant essentiel de la maladie. La boulimique met tout en œuvre pour ne jamais être vue en pleine crise et n’en laisse aucune trace. On trouve ici encore des formes atypiques de ce trouble :
– la personne mâche puis recrache de grandes quantités d’aliments, sans que la nourriture ne transite par l’estomac.
– les vomissements surviennent suite à l’absorption de petites quantités de nourriture, il devient un réflexe, un conditionnement.
– les crises ne sont pas aussi récurrentes que dans la forme classique, elle surviennent moins de 2 fois par semaine.
Les compulsions alimentaires / hyperphagie
La compulsion alimentaire ressemble beaucoup à la boulimie, mais touche plus d’hommes que les autres TCA (dans 3 cas sur 10). Les crises se manifestent par l’ingestion, en dehors des repas, d’une quantité importante d’aliments appréciés. À l’inverse des crises boulimiques, on y trouve une part de plaisir, même si la faim est absente. La personne sent que son comportement échappe à son contrôle. Pour poser le diagnostic, il est nécessaire que les crises soient importantes, fréquentes, et qu’elles conduisent à une souffrance psychique notable et à un surpoids. En effet, à la grande différence de la boulimie, dans l’hyperphagie, il n’y a pas de comportement dit compensatoire, c’est-à-dire ni vomissement, ni hyperactivité.
L’orthorexie
L’orthorexie peut se définir comme un besoin obsessionnel et acharné de se nourrir de façon diététiquement correcte, sans désir d’amaigrissement. Selon les spécialistes américains, l’orthorexie serait une addiction dont ils qualifient les malades de « Health Food Junkies ». Littéralement : « les drogués de l’alimentation saine ». La notion de plaisir est ici totalement absente, les aliments ne sont pas sélectionnés pour leur goût mais seulement pour leurs vertus. L’othorexique rejette en bloc tout ce qui est mauvais pour la santé, se basant notamment sur ce que disent médias, comme les graisses, la charcuterie, la viande ou encore le fromage, ce qui entraîne de nombreuses carences en nutriments. Elle peut passer plusieurs heures par jour à penser et repenser son alimentation, afin d’être sûre de bien se protéger des additifs, des colorants, des conservateurs… Sa vie sociale en est très affectée, elle ne va ni à la cantine de son travail, ni au restaurant et refuse les invitations. Elle se jette sans hésiter sur tous les produits censés être « bons pour la santé » : vitamines, compléments alimentaires, extraits de protéines ou d’algues… Elle ressent un fort sentiment d’autosatisfaction et de contrôle lorsqu’elle parvient à ses objectifs, mais beaucoup de culpabilité lorsqu’elle déroge aux règles. Elle méprise ceux qui ne respectent pas les dogmes de la diététique.
Les conduites restrictives obsessionnelles
Les personnes qui souffrent de conduites restrictives obsessionnelles fuient les calories. Elles sont sans cesse au régime, se restreignent sur les quantités et refusent de manger ailleurs que chez elles (au restaurant, chez des amis…). En outre, elles n’invitent jamais personne à partager son repas. Leur comportement ressemble fortement à celui de l’anorexique, mais leur poids reste acceptable, puisqu’elles continuent un peu de s’alimenter. Elles sont néanmoins bien plus maigres que la moyenne.
Le grignotage pathologique
Le grignotage consiste à manger, en dehors des repas, de petites quantités de nourriture prête à l’emploi. Il devient pathologique dès lors que ces quantités forment en fin de compte un gros volume d’aliments, entraînant un surpoids notable, et qu’il est le symptôme d’un réel mal-être. La consommation alimentaire devant la télévision de produits choisis et aimés en grandes quantités en est le dérapage type. Le malade n’a aucune notion des quantités qu’il ingère. L’une des bases du traitement est d’ailleurs de lui en faire prendre conscience. Le grignotage pathologique est souvent révélateur d’un état dépressif et angoissé.
La rumination
En nutrition, ruminer consiste à faire remonter dans la bouche les aliments qui viennent d’être ingérés pour les déglutir à nouveaux. Ce n’est donc pas un vomissement, puisque le diaphragme ne se contracte pas et que l’aliment n’est pas rejeté. L’objectif est de pouvoir « profiter » une nouvelle fois de la sensation procurée par la déglutition, sans les conséquences d’un nouvel apport calorique. La rumination n’est pas un acte volontaire, mais le malade en est néanmoins conscient. Ce qu’il ne réalise pas, ce sont les dangers de la rumination (lésions de l’œsophage et de l’intérieur de la bouche, gonflement des glandes salivaires) ainsi que ses conséquences sur le plan social (peur et honte de manger devant autrui).
La néophobie alimentaire
La néophobie alimentaire est un trouble qui touche essentiellement le jeune enfant. La néophobie signifie littéralement la peur de la nouveauté. En alimentation, il s’agit donc du refus de manger des aliments inconnus. C’est un passage normal dans le développement de l’enfant, mais qui, passé un certain degré, relève du trouble anxieux. Néanmoins, avant de s’alarmer, il est bon de savoir que d’après de nombreuses études, il est nécessaire de présenter environ 11 fois (c’est une moyenne) un aliment nouveau à un enfant pour que celui-ci l’accepte.
Les autres phobies alimentaires
La phobie de la déglutition : Elle survient pratiquement toujours suite à un traumatisme, tel qu’un étranglement avec un aliment ou des soins médicaux douloureux au niveau de la gorge. De peur de revivre cet événement pénible, la personne ou l’enfant n’accepte plus que le fluide ou le liquide et refuse les morceaux.
Les autres phobies : Il existe autant de phobies que de phobiques. Ainsi, certaines personnes refusent catégoriquement de manger de la nourriture d’une certaine couleur ou ne consomment à l’inverse que les aliments d’une couleur. D’autres rejettent le cru, ou au contraire le cuit. Quant à certains malades, qui souffrent d’une peur panique d’être contaminés par des microbes ou d’être empoisonnés, ils font barrages à de très nombreux aliments (ceux exposés à l’air libre dans les rayons du supermarché, ceux gardés trop longtemps au réfrigérateur ou au contraire, ceux qui se conservent dans un placard…). Ces peurs, qui se traduisent par une distinction très nette entre les aliments interdits, tabous, et les autres, sont difficiles à expliquer, mais témoignent souvent d’une atteinte grave de la personnalité.
(Source : Psychologies déc 2010)